Quand je vois le soleil poindre derrière les pics enneigés aux reflets ors, je sens mon cœur bondir dans ma poitrine: le mauvais temps est derrière nous, le col est à nous! Nous partons donc de bon matin et de (très) bonne humeur pour Yak Kharka (4,020m), littéralement, la plaine des yaks; nous ne sommes pas les seuls à avoir attendu le retour du beau temps et nous marchons telle une longue procession sur les étroits sentiers bordant de larges plaines rocailleuses où les dernières neiges se mélangent à la poussière brune. Les paysages sont à couper le souffle.

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Nous sommes gelés… les cascades aussi!
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Passés Yak Kharka et une après-midi à bouquiner dans une auberge bondée de Français, un thé de Noël dans les mains, nous repartons pour notre dernière étape avant le col, Thorung Pedi.
Les pieds dans la neige, nous grimpons lentement mais sûrement jusqu’au 4,500 mètres de Thorung Pedi, passant aux pieds de montagnes gigantesques et haletant le long de petits sentiers, la vallée à nos pieds.
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Pause café
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Nous passons à nouveau des glissements de terrain sur un étroit chemin ascendant vers notre destination finale.

Dil nous crie soudain: « Ruuuuuun!!!« , sans réflechir, nous nous mettons à courir sur le minuscule sentier caillouteux, l’adrénaline atteignant un record alors que nos pieds tentent tant bien que mal de rester sur le sentier malgré le grand vide à notre droite et qu’une grosse pierre dégringole du haut de la montagne, frôlant Sarah et finissant sa course folle 500 mètres plus bas, roulant toujours plus rapidement sur le versant incliné. On a eu très chaud… malheureusement nous apprendrons plus tard qu’un des guides du groupe de français rencontré la veille n’aura pas eu la même chance et finira en hélicoptère le lendemain matin, le fémur brisé.
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Nous sommes crevés à notre arrivée dans l’une des auberges de Thorung Pedi. La salle à manger est bondée de trekkers qui comme nous se ménagent pour la grande montée du lendemain; un joyeux brouhaha s’élève derrière une musique sympa, quelle ambiance!

Ce soir là est bien la nuit la plus froide; nous avons tous enfilé le maximum de couches (9 pour moi!) mais malgré cela, le froid trouve toujours son chemin jusqu’au plus profond de mes os…

Avec Jon & Eunate

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De gauche à droite: Lucas, Deana & Andrea

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C’est également cette nuit-là que je bats mon record de lever-pipi (un symptôme de l’altitude me dit-on): 7 fois! 7 réveils, à m’extirper de mon sac de couchage, enlever mes chaussons en laine de yak, chausser mes chaussures de marche, positionner tant bien que mal ma lampe frontale, me lever discrètement sans réveiller mes colocs et sortir dans un froid mordant, manquant de glisser sur le sol glacé me menant aux effroyables toilettes turques situées à une petit dizaine de mètres de la chambre…

Autant dire que lorsque le réveil résonne derrière mes boule-quies à 4h15 le lendemain matin pour la grande ascension du col de Thorung-la (5,416m), je n’étais pas des plus fraîches…