« N’oublie pas: il faut courir, surtout ne pas sauter ni ralentir, il faut COURIR dans le vide, je peux te faire confiance?? » me redemande pour la vingtième fois Delton, notre instructeur de deltaplane. Et d’ajouter: « J’oubliais: ne regarde pas en bas en courant… »
Ok, courir, regarder l’horizon, bien tenir la lanière de mon instructeur pendant le vol, et bien sûr en prendre plein les yeux, j’ai tout compris!
Depuis notre arrivée dans la grande métropole, nous nous étions promis de voler au-dessus de Rio. C’est donc toutes excitées que Gina, Chelsea et moi nous faisons conduire sur le Mont Pedra Bonita, culminant à 530 mètres d’altitude au sein du parc de Tijuca.
Le point de vue est saisissant: la piste de « décollage » en bois vert sur laquelle nous allons courir s’ouvre sur un panorama incroyable.
Peu après Gina et Chelsea, mon tour arrive enfin: j’enfile mon harnais et mon casque et, avec Delton, nous nous positionnons pour le départ. Je suis en première ligne, impressionnée devant cette piste de quelques mètres de long devant laquelle s’étend le grand vide. Delton active la caméra, montée sur une des tiges du deltaplane et je me lance dans un monologue d’introduction (complètement inaudible sur le film), présentant un Delton souriant jaune.
« GOOOOOOO!! » s’écrie-t-il soudain; je l’élance comme une fusée, le regard au loin, la main crispée sur le cordon, le coeur battant la chamade, calquant ma course sur celle de mon binôme: « COURS COURS COURS COURS COURS……….. ok! bien joué sweetie!« .
Je baisse les yeux, réalisant que la piste a disparu, j’ajuste ma position, couchée et jambes croisées, et admire la vue: c’est absolument incroyable, je vole!! Pas de secousses, ni de grosse trouille, le départ dans les airs est très fluide, sans à-coups; je me sens toute euphorique. A 500 mètres en dessous de nous se mélangeant quartiers résidentiels, parcs, maisons individuelles et jardins, des piscines ça et là et des routes sinueuses; plus loin, les bancs de sable et la mer, immense et d’un bleu saphir, se perdant à l’horizon; derrière nous, des chaines de montagnes verdoyantes. Je salue la caméra, me détachant une main et restant dans cette position « moitié Christ » jusqu’à la descente, qui arrive d’ailleurs bien trop vite.
Nous finissons bientôt notre descente, Delton me détache les hanches du harnais, prenant la position atterrissage, jambes à la verticale, car là aussi, il faut courir! A son signal, je remets donc mes jambes en marche, les yeux fixés sur le sable en dessous de nous qui défile à une vitesse bien trop rapide… mais tout va bien, nous nous posons sur le sable sans encombres.
« C’est déjà fini??! » je dois avoir troué le tympan de mon instructeur qui semble habituer à cette remarque somme toute inutile. Je retire mon attirail, encore toute émue par cette courte mais intense et formidable aventure. Je retrouve Gina et Chelsea, déjà en bikinis sur la plage. Nous partageons nos sensations fortes et nous verrions bien remettre ça; mais pour l’heure, nous ne pouvons que nous replonger dans nos inoubliables souvenirs, admirant les autres deltaplanes voguant dans le ciel immaculé au-dessus de nous, et se posant sur la plage.
