Peuples des rizières

Au delà du seul site des rizières, ce sont cependant les villages, les style de vie et traditions des minorités Yi et Hani qui rendent l’expérience très spéciale. Un bond dans le passé, des vies modestes et de dur labeur qui remettent sérieusement les choses en perspective, dans cette région toute récemment ouverte au tourisme.

Les villages, minuscules, établis à flanc de montagne, me renvoient aux hameaux népalais perdus dans l’Himalaya. Un escalier de marches irrégulières serpente à travers des constructions en pierre sous lesquels vivent les Hani et les Yi. Vêtus de leurs costumes traditionnels, dont les couleurs vives contrastant avec les tons gris dominant le village, ils s’adonnent à leurs activités quotidiennes: lavage, cuisine, minuscules commerces et travail du riz. Je fais place au passage de quelques buffles qui me frôlent presque; des cochons noirs, petits et gros, attachés ou en liberté, tentent de me renifler au passage. Je suis les femmes voûtées, portant sur leur dos ce qui semble une tonne de semence de riz dans les méandres des petits sentiers puis au coeur des rizières. Elles sont souriantes, peu bavardes mais accueillantes.

Sur les murs, des maximes peintes illustrent les valeurs des villageois. En voici une particulièrement intéressante qui promeut la naissance des filles sur les garçons.

Des enfants me suivent dans les petites rues pavées des villages, leurs rires étouffés dans leurs manches. Quelques mots en mandarin et leur timidité s’envole!

Contrastant avec les villages nichés dans la montagne, les petites villes qui se développent le long de la route principale se veulent plus « modernes », commerçantes, mais au final peu accueillantes. Telles des villes fantômes, nimbées de brume, elles s’étendent sur 1 à 2 kilomètres et pullulent de commerces de broutilles. Les locaux se veulent certes ouverts au tourisme mais sans trop savoir comment.



Ici, à Shengcun, je m’arrête dans une petite gargote: des aubergines ciboulette inoubliables dans un décor de buibui, aux murs décrépis. La cuisine est en plein air, le riz (organique évidemment!) est en libre service, mais la chef, une adorable Hani au large sourire, vient me le servir à table!

Une belle expérience humaine, même si partagée entre chaleur de quelques uns et rejet de certains autres; c’est en outre la vague de tourisme sans précédent que la région de Yuanyang connait depuis quelques mois qui représente le plus gros challenge, car entre traditions et modernité, les Hani et les Yi sont divisés…