Un Indien pauvre des contrées les plus sombres d’Inde, meurtrier opportuniste qui transcenda le système des castes en devenant entrepreneur à succès, écrit ses mémoires par courrier au Premier Ministre chinois, Wen Jiabao, bientôt en visite a Bangalore, cela vous parle?
C’est sur cette idée originale que Aravind Adiga a décidé de dépeindre son Inde natale, à travers les yeux de Balram Halwai qui nous raconte (indirectement) son histoire et ascension sociale incroyables.
C’est avec un style mordant, un humeur caustique et beaucoup d’auto-dérision mais surtout de critique sociale, qu’Adiga nous plonge dans l’Inde et ses grands défis, de la mondialisation anarchique, aux folles incohérences du système de castes, la corruption, les chantages et finalement l’aspiration à la liberté. Nous sommes loin d’une Inde démocratique modèle en passe de devenir une grande puissance. Notre Balram se veut pourtant représenter l’Inde de demain, il est visionnaire (selon lui), intelligent et se targue d’avoir creusé son chemin dans les méandres d’un pays en proie aux pires injustices, oui, mais a quel prix? corruption, meurtre et mensonges, tous les moyens sont bons pour « gagner la face » et de l’argent dans un pays où les valeurs sont censées être régies par une religion exemplaire (il est d’ailleurs intéressant qu’elle n’ait pas sa place dans l’aventure du narrateur).
Il n’empêche, de Dehli a Bangalore, en passant par les campagnes de Laxmangarh, je me suis retrouvée happée dans le grand « zoo » indien, parfois révoltée, souvent attendrie par Balram, narrateur somme toute attachant qui écrit avec beaucoup d’humour et dans un style faussement protocolaire à l’un des hommes les plus puissants de la planète, et finalement séduite par cette satyre intelligente de l’Inde, à laquelle s’ajoute une belle mise an abime Inde VS Chine sur quelques points intéressants.
A lire donc avec un bon second degré!

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En français, Le Tigre Blanc

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