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Ma journée du 7 avril était programmée de longue date et je l’attendais avec impatience: une opération dans la circonscription de Kwao, à quelques 60 km de Phnom Penh, avec Pascal et Marie José Labbe de l’association Sourire Angkor Kwao et Michel et Pascale Sebban du Cabinet Médical. Isabelle et Alain, un couple d’amis des Labbe, se joignent également à nous.
La mission pour Marie-José et Pascal consiste aujourd’hui à visiter 5 familles: distribuer quelques cadeaux remis par les parrains, principalement vêtements et ustensiles, suivre sur un certains nombre de sujets relatifs au suivi des précèdent dons et bien sûr, comme à chaque fois, identifier de nouvelles familles à parrainer.
Nous arrivons à 9h30 au centre et y retrouvons Pascale et Michel, tables, matériel médical et médicaments déjà dressés, et accompagnés de 6 de leurs étudiants en médecine. Il n’y a pas foule aujourd’hui, bonne nouvelles me direz-vous? Si l’on décide de ne pas tenir compte de l’initiative du parti de distribuer des sacs de riz et 2.5$ a chaque personne présente sur la grand place du village ce matin en vue des élections, alors oui, c’est une bonne nouvelle!
Apres nous être présentés et avoir fait le tour du centre, nous partons en mobylette, chacun accompagne de son motard khmer respectif, le long des pistes. Une procession de 6 motos se suivent sous un soleil de plomb; nous passons devant des rizières asséchées, des temples, et bien sûr des dizaines de maisons en toit de chaume et de tolle, d’où des tripotée d’enfants sortent et nous poursuivent sur quelques mètres, riant aux éclats.

Voici ci-dessous une une vue de chaque famille visitée et des situations respectives.

Dans cette première famille est parrainée la petite fille, elle est ici avec son frère mais seul un enfant par famille est désigné par parrain. A notre arrivée, et comme dans toutes les visites, une foule se joint a nous, ce qui rend la famille en question plutôt difficile a identifier!
La petite porte une robe donnée précédemment par sa marraine. Marie José lui remet ici de nouveaux cadeaux, dont des nouveaux vêtements, une bassine et une brosse, besoins identifiés par la famille mais également par la marraine, venue il y a quelques mois sur place. Cette famille dispose d’une jolie maison, de latrines, d’une hutte/cuisine séparée et d’une vache. La partie de la maison sous les pilotis est généralement occupée la journée tandis que l’intérieur de la maison n’est utilisé que pour dormir. Nous identifions une petite fille dont le cou est rongé par l’eczema et la prenons pour rencontrer Michel et Pascale au centre. Apres 2 ans de parrainage, cette famille est un bel exemple de réussite, bien qu’il reste encore bien des choses à faire.

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Dans cette famille, la situation est plus difficile à définir car les informations obtenues à chaque visite semblent contradictoires. La maison de plein-pied laisse présager une grande misère, la norme étant d’avoir un pilotis au minimum pour ce protéger de l’eau lors des moussons. Là encore, une foule d’enfants vient nous rejoindre. La maman est veuve, plutôt âgée, et semble disposer d’un terrain. Marie-José remet à jour sa fiche pour le parrain et s’assure que les dons précédents sont toujours bien utilisés.

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Ce cas est le plus bouleversant de la journée. Cette femme de 43 ans, veuve, dont la maison s’est écroulée il y a presque 1 an de cela, vit sous une maison, entre les pilotis, l’étage ne lui appartenant pas. Elle a tout perdu, ne possède pas de terre, ni d’animaux, et doit assurer sa survie et celle de son fils, un beau garçon de 8 ans, l’air sérieux et malheureusement déjà très marqué par la vie, mais également de 2 autres enfants, 4 et 6 ans, qu’elle a adopté. Comme si le sort ne s’était pas assez acharné, elle souffre également de rhumatisme déformant aux doigts, ce qui l’empêche d’effectuer nombre de travaux manuels de base, et d’un fibrome au niveau du ventre, identifié ce jour même avec Michel Sebban alors que nous pensions qu’elle était enceinte. Isabelle et Alain ont décidé de parrainer le jeune garçon et d’aider cette famille, le premier don est un vélo ramené par Marie-José qui va permettre au garçon d’aller à l’école.

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Après un dejeuner tres convivial avec toute l’équipe, nous finissons par 2 familles. L’une pour revoir une jeune adolescente de 13 ans, magnifique, et qui est parrainée depuis bientôt 5 ans; l’autre pour vérifier l’état de santé de Nep, 6 ans, qui s’est récemment faite operée au cou. Tout va bien, et nous repartons ensuite direction Phnom Penh.
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La misère apparait sous bien des formes et différents degrés. Ces familles, grâce au travail de ces associations et des dons, arrivent peu à peu a s’assurer les premières nécessites d’une vie plus normale, moins misérable: un puits, des latrines, quelques animaux, une éducation pour les enfants. D’autres sont encore dans le désarroi le plus total comme cette femme de 43 ans citée ci dessus.

Malgré tout cela, toutes ces familles partagent un trait commun: le sourire! Dans chacune d’entre elles, et dès notre arrivée, les rires d’enfants éclatent, les adultes nous accueillent, pliés en 4 et banane jusqu’aux oreilles. Je ne parle pas du sourire commercial et condescendant mais du vrai sourire chaleureux, jovial, le sourire des yeux, qui nous irradie de leur chaleur humaine. La bonne humeur est toujours au rendez-vous même dans des situations où rire est absurde, Pascal, Marie-José et Eng essaie toujours d’apporter un peu de chaleur à ces familles.

Une leçon de vie bouleversante, j’avais vu des familles chinoises dans la misère mais de pouvoir comprendre leur routine en détail offre une dimension tout autre. Quand rien ne va, que le soleil assèche toutes les cultures, que la maladie s’invite dans les maisonnées, que l’eau se fait rare, ils ne leur reste que leurs sourires. Des sourires que dans nos sociétés occidentales et consommatrices, nous avons perdu alors que nous sommes à des années-lumière de cette misère sociale.

Je félicite et admire l’équipe d’aujourd’hui, pour leurs initiatives qui s’inscrivent dans une vraie démarche long terme, avec la construction de relations fortes avec les familles. Bravo!

Pour plus d’information sur Sourire Angkor Kwao, consultez www.association-cambodge.com