Cher Robinson,

je t’écris d’une plage presque déserte de Sihanoukville, occupée par quelques uns de tes frères, barbe longues et cheveux crépus. Les mini-huttes sont de rigueur et je ne peux m’empêcher de penser à ta petite habitation précaire. Point d’électricité dans nos petites maisons montées en planche de bois inégales ou palme séchée. La seule source de lumière nous provient du soleil, ses rayons brulants se fraient un passage entre les planches et interstices, faisant monter la température intérieure jusqu’à 40 degrés.
Par chance, et contrairement à toi cher Robinson, ma hutte est munie d’une ventilateur fixé sur l’un des 4 murs, par un système bancal de fils d’acier et d’écrous rouillés, faisant vibrer l’ensemble de ma petite habitation à chacun de ses mouvements semi-circulaires. Ses pâles brassent l’air chaud dans un vrombissement régulier, masquant les autres bruits, plus ou moins agréables, de la nature alentour (sauf pendant les coupures, 2 fois par nuit environ).
De nos jours cependant, la technologie n’a plus de limites et la paradoxe ultime de cette vie d’insulaire est de pouvoir rester connecté au monde! Car oui, dans ces quelques 10 m2 d’espace confiné, le Wifi nous inonde de ces ondes magiques! Une excellente connexion qui plus est, qui me font passer de bien bons moments Skype quand, le soir venu, plus aucune lumière n’éclaire ma petite chambre, hormis l’écran de ma tablette tactile, et la lumière blanche de ma lampe frontale!
Je t’imagine lever les yeux au ciel et crier au blasphème, mais c’est ce que nous appelons, nous autres voyageurs du nouveau millénaire, « vivre avec son temps »!

Mais qu’est-ce que la précarité d’une hutte quand, du lever au coucher du soleil, on a la chance de se retrouver devant cette étendue d’eau turquoise, que nos yeux accompagnent les quelques bateaux de pêcheurs navigant lentement mais sûrement sur les ondes paisibles avant de se reposer sur un livre, que notre corps se balance nonchalamment sur un hamac à l’ombre des pins… sans chichi, sans Wifi, seule au monde, avec juste le bruit de l’océan et une brise rafraichissante venant du large…

Hutte-Robinson-1

Hutte-Robinson-2
Hutte-Robinson-3